Le yoga, entre tradition et modernité . . .

Bonjour,

Dans cet article, je vous propose une réflexion – assez courte, à mon habitude – sur la place du yoga dans nos sociétés modernes au regard de son origine indienne.

Je ne vous apprendrai rien en disant à quel point le yoga est plébiscité de nos jours dans les pays dit occidentalisés…  Mais il est à constater que sa popularité croit également dans son pays d’origine, l’Inde au fur et à mesure que celle-ci se développe économiquement. S’y développe une pratique du yoga moderne, souvent assez éloigné de la tradition indienne. Un yoga « en quête de … ».

Alors que traditionnellement, le yoga est quête d’union avec le Divin, accord entre l’homme et la Nature. Il est désormais aujourd’hui de plus en plus quête d’un mieux-être physique et psychique. Il est objet de bien-être, de guérison ou de détente. Bref, il est souvent « objet de… ».

Force est de constater que le yoga dévotionnel, et spirituel issu de la tradition se perd de plus en plus. Même en Inde !

D’où la question à laquelle je vais proposer ma réponse, une réponse parmi d’autres :

Quel regard et quelle pratique de yoga pour nous tous aujourd’hui, entre la tradition indienne du yoga et les pratiques actuelles de yoga objet?

Premier élément de réponse: On ne choisit pas la raison pour laquelle on arrive au yoga.

Tout comme de manière générale, on ne choisit pas beaucoup ce qui nous arrive dans la vie. La vie nous amène là où nous sommes actuellement. Il est dès lors logique, dans la société consumériste qui est la nôtre actuellement que ce qui nous amène à peu près tous vers le yoga soit un besoin de/ une quête de … bien-être, détente, ou la guérison d’une blessure physique ou psychique.

En résulte qu’il est dès lors normal que ce qui se trouve proposé par les présupposés enseignants de yoga réponde à cette demande. L’homme moderne a besoin de solutions à ses problèmes actuels (stress, mode de vie dépareillé, alimentations et rythme de vie déséquilibrés,…); différentes solutions se trouvent en substance dans la tradition du yoga. Les postures, la respiration peuvent indéniablement apporter un premier secours.

Cette utilisation du yoga traditionnel « à des fins de… » est selon moi légitime et tout à fait bienvenu. Elle est une première étape nécessaire.

Doit, selon moi, accompagner ce ‘yoga objet’ ce que le yoga traditionnel a de plus profond à offrir : le spirituel, à savoir ce qu’il y a au-delà de ce désir individuel. En Yoga, ce travail sur le spirituel passe par une prise de conscience par l’individu et de son individualité, de son égo. Et à terme, d’une transcendance de ce dernier, ou à tout le moins un détachement face à ses fonctionnements habituels et automatiques.

Cette approche du yoga peut selon moi se fondre dans ce qui est habituellement proposé en parlant de yoga.

Le problème est que, généralement, les enseignements sur le yoga sont dénudés de cette composante fondamentale qu’est la relation au spirituel, qui est l’essence même du Yoga et de notre humanité.

Or, il est possible de parler de bien-être en le reliant au spirituel. Le bien-être n’est pas uniquement le bien-être du corps et du mental. A ce titre, la théorie indienne de PanchaKosha nous enseigne que l’homme est bien plus que son corps et son mental. Selon la tradition, le corps physique, le corps énergétique et le corps mental sont les 3 premières couches de l’être humain, certainement les plus appréhendables. S’y ajoutent le corps d’Intelligence et le corps de Béatitude, ces derniers nous rapprochant davantage de l’Etre Commun, au-delà de nos individualités propres.

Il est aussi possible – et nécessaire – de parler de détente sans que cela devienne une quête en soi. Plutôt qu’une quête fondée sur l’intention, le yoga doit être une exploration basée  sur la disponibilité. Car, chercher la détente revient à créer une intention, une crispation et finalement une aversion envers son corolaire, la tension. Il importe donc de proposer le regard le plus complet sur la richesse que nous offrent les dualités de ce monde.

Quant à la maladie, vouloir s’en défaire est louable. Plus sage est l’intention d’en comprendre le message et la cause. Au-delà de la récente Yoga therapy, les  Vedas (les textes sacrés de l’Inde liés au Yoga) nous proposent de comprendre la maladie comme un signe, un symbole. Selon ce paradigme, la maladie est une opportunité pour aligner nos actions et comportements personnels (svadharma) avec la destinée universelle et cosmique (Dharma).

Bref, si le yoga objet a sa fonction jusqu’un certain point, le risque selon moi- si le message n’est pas intégral et qu’on en reste au yoga objet – est d’entretenir , voire de renforcer l’égo, par la culture de cette idée d’être quelqu’un qui doit changer, se transformer. Ceci ne peut par ailleurs que créer des individus perpétuellement insatisfaits.

Pour terminer cette réflexion, vous aurez probablement compris que je plaide pour un yoga traditionnel et intégral :

  • Traditionnel car il puise son essence dans la tradition du yoga tel qu’il s’est développé sur le continent indien depuis plusieurs milliers d’années. Il est dès lors indépendant des schèmes mentaux et des intentions propres à notre époque.
  • Intégral car, fort de cette tradition, il offre un message complet et qui s’adresse à toutes les composantes de notre humanité au-delà de notre corps et de notre mental.

Ceci étant dit, il me semble également important de nuancer ces propos par le fait que le yoga indien est une tradition initialement ascétique qui n’est dès lors pas à la portée de tous. Il y a donc besoin d’une interprétation des fondements yoguiques afin de les rendre accessibles à toutes et tous, aujourd’hui et dans l’époque particulière qui est la nôtre. A nous, enseignants du Yoga, de pouvoir rendre ce message aussi clair et authentique possible !

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